“Yèku Di
Inflammation.
‘Quand les habitations ne sont pas proches les unes des autres, l’incendie ne se propage pas.
Situez vos maux sur votre corps et dans l’univers, vous souffrirez moins.
Nommez et canalisez vos souffrances,
Noir, bleu, rouge et vert,
Elles passeront d’une couleur à une autre et vous serez guéris.’
Ce jour-là, il y avait une foule chez Orunmila.
Les enfants de ce monde sont curieux.
La foule dit à Orunmila :
‘Tu parles avec le Ciel,
Tu sais faire le secret des Émissions,
Tu es le seul qui peut nous aider.
Ouvre-nous la calebasse de l’univers.’
Orunmila s’écria :
‘Que ma tête me sauve.
Qu’Oduduwa me vienne en aide.
La calebasse de l’univers ne m’appartient pas.
Je ne vous enseigne que ce que je connais.
La calebasse de l’univers renferme ce que je ne connais pas.
Pas même une seule fois, elle n’a été ouverte.’
Cette vérité ne dissuade pas les enfants de ce monde.
Orunmila prétexte :
‘Laissez-moi aller racheter mon ami.
Il est retenu comme esclave dans un pays lointain.
Avec son aide, je vous ouvrirai la calebasse de l’univers.’
Les enfants de ce monde sont impétueux.
La foule, bouillante, rassemble des cauris, les remet à Orunmila et lui dit :
‘Va et reviens vite nous ouvrir la calebasse.’
Le voyage dura des années.
À son retour, Orunmila retrouve la foule au même endroit.
Les enfants de ce monde sont téméraires.
Yèku Di dit à Orunmila :
‘Voici les feuilles de la chance, de la fertilité et de la connaissance.
Ces feuilles ne s’utilisent pas pour guérir la foule.
Dans les randonnées des masses, elles sont inutiles.
Voici les feuilles du travail, de la puissance et de la gloire.
Ces feuilles conviennent à la conduite des populations.
Elles insufflent la force aux causes populaires.
Le caractère absorbant du travail est reconnu.
La main du travail est la puissance.
C’est de la puissance que peut naître la gloire.’
Muni des trois dernières énergies, Orunmila dit aux enfants de ce monde :
‘Alignez-vous autour de la calebasse de l’univers.
A mon signal, soulevez le couvercle.’
Eux-mêmes constatèrent que leur nombre ne suffirait pas à entourer la calebasse au point de soulever son couvercle.
La calebasse de l’univers ne s’ouvrira jamais.
C’est ainsi qu’ils ont donné un nom à ce qui les titillait et furent libérés de l’incertitude de leur propre ignorance.”
Extrait du Livre de Cham
