4.8 IDÉAL RÉALITÉ

9 août 2019

4.8 IDÉAL RÉALITÉ

 

“Di Aklan

 

Idéal.

 

Fokanlé.

 

Il se cache partout.

Il est partout.

 

On le chasse, il réapparaît.

 

On le dévoile, il revient plus couvert.

 

On l’évite, il devient plus actif.

 

Qui est-il ?

 

D’où tire-t-il son habileté ?

 

‘Le soleil en se couchant, ne dit à personne qu’il se lèvera demain.

 

Tout est connu, mais cela n’est pas encore su.

 

Chaque matin que nous le voyons apparaître est une bénédiction.

 

Il est en ainsi de l’idéal.

 

L’idéal est le soleil des vies.’

 

Philosophie.

 

Fokanlé n’est pas écouté.

 

Déjà six lunes que Fokanlé a quitté ce royaume.

 

Le roi est devenu triste.

 

Le palais dormait plus que d’ordinaire.

 

L’angoisse, l’anxiété et l’ennui étaient partout.

 

Itèro, assiégé par la mélancolie, était sombre et souffrant.

 

Coïncidence !

 

Qu’est-ce que Fokanlé était dans notre royaume ?

 

Est-il parti pour ne plus revenir ?

 

On se souvient.

 

Le jour de son départ, Di Aklan avait dit :

 

‘Ce que les dieux connaissent leur vient de cet incompris.

 

Ce qu’ils ne connaissent pas est aussi de son ressort.

 

L’idéal manquant assombrit la vie des royaumes.

 

Ne demandez pas à un sourd d’entendre ce vous n’entendez pas.’

 

Élucubrations.

 

Fokanlé n’était pas une personne importante.

 

S’il part, rien ne se passera.

 

Fokanlé est parti.

 

Un soir, seize lunes plus tard, un Babalawo rentre dans le palais avec son sac de divination.

 

‘Baba, pourquoi êtes-vous ici ?’

 

‘Roi, je suis venu vous aider à retrouver votre enthousiasme.’

 

Avancez et dites-nous ce que vous en savez.

 

Le Babalawo interroge son chapelet.

 

Di Aklan ressort la tête.

 

Il n’avait pas été conjuré.

 

‘Fokanlé portait un idéal que l’organisation de votre royaume ne lui avait pas permis d’exprimer.

 

C’est pourquoi il est parti et ne souhaite plus revenir.’

 

Encore lui. Idéal.

 

Afin d’éviter les plaisanteries de ses ministres, le roi prête attention aux recommandations du Babalawo :

 

‘Dans quatre jours, quand le soleil sera haut et que l’arbre se tiendra sur sa propre ombre,

 

Faites asseoir sept Babalawo sous l’iroko se trouvant au levant du royaume.

 

Les Devins seront habillés de blanc.

 

Et ils devront rythmiquement, taper les mains à l’unisson.

 

Au deux-cents-cinquante-sixième son des mains, Fokanlé les approchera et leur demandera des colas.’

 

Les sacrifices ont tenu leur promesse.

 

Fokanlé est revenu.

 

À toute la cité, il distribue des colas de la tolérance, du pardon et de la réconciliation.

 

Son idéal inspire, fortifie d’autres idéaux et Itèro connut un essor considérable dans ses échanges internes et externes.”

 

Extrait du Livre de Cham

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