LA CHUTE

10 août 2019

LA CHUTE

Cinquième apologie : La Chute

Un maître, membre du collège des anciens prêtres, entre en scène. Son rôle est de laver le cerveau de son futur collègue, de l’affranchir au moral, de le mettre dans les dispositions d’un dénuement psychologique propre à le préparer à accepter la vérité contenue dans la Tradition dont il aura la garde. La compagnie du maître va conduire le postulant à renaître à une autre personnalité. Le  Maître s’emploie à lui faire faire le point sur lui-même, sur sa foi et les exigences de la vie. Il lui enlève ses idées préconçues en prenant l’histoire universelle à témoin. La fin d’une œuvre qui commence ne se prévoit pas réellement mais peut rester dans les recherches, dans les réalisations, comme le leitmotiv d’un bon départ ou comme une lueur rassurante dans le choix consciencieux d’une voie. Il en est ainsi, dit le maître, des choses du Ciel et de ce monde. Cette incertitude de la fin doit conduire le chercheur à suivre son chemin, à se nourrir de la joie du travail sans considérer le but.

Le Maître :

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  1. Les voies de la Connaissance t’enverront dans un monde mystérieux.
  2. Ne désespère pas. Ça a toujours été ainsi dans les contrées de la Sagesse.
  3. Ne t’inquiète pas, non plus, si la promesse de tes initiateurs ne laisse rien de pesant en toi.
  4. Vouloir agir autrement amène l’imprudent à fourvoyer l’ordre éternel des choses.

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  1. En vérité, tu ne termineras jamais tes recherches mystiques. Cela est ainsi à cause de la perpétuité de l’insondable que le Ciel protège.
  2. Percevoir la fin s’imagine sans qu’on ne la réalise jamais, le cours des événements étant toujours une suite de recommencements.
  3. Aller plus loin est plus aisé avec l’idée du départ qu’avec celle de la fin, plus difficile et plus chaotique.
  4. Ne jamais pénétrer le secret est ce qui réussit le mieux. La sensation de plénitude et la certitude d’avoir atteint la fin mènent souvent à l’échec.

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  1. Le vrai chercheur, comme le bon travailleur, est celui qui est condamné à fouiller sans cesse une poubelle, le plus vite, le plus profondément et le plus totalement possible.
  2. Dans le silence de l’espace et du temps, taille résolument ton propre plaisir, le sens que tu donnes à la vie et à la mort. Tel est le conseil de Woli-Yèkou.
  3. Ô néophyte, tu n’auras jamais assez de savoir pour expliquer ces choses. En auras-tu alors assez pour parler des mystères du Ciel ?

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  1. En venant ici, tu réponds à une préoccupation, celle de comprendre les Créateurs, leur Œuvre et ton rôle dans ce théâtre de l’univers.
  2. Mon devoir est de t’y faire parvenir par une question fondamentale. Les Créateurs ont-ils prévu la fin que subit leur Œuvre ?
  3. Certainement ils ont un dessein pour leur créature. Mais quel est ce dessein ?
  4. Est-ce un secret ou une manière de cacher leur ignorance de la fin ?
  5. « La fin est ce que le commencement ne connaît pas. Le commencement est ce que la fin ne connaît pas », a dit Lètè-Sa.

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  1. Nous, que le Dieu Tchè-Tula a initiés aux rites propitiatoires et qui continuons de porter la souffrance comme une punition, aurons-nous le savoir nécessaire pour apprécier les erreurs qui nous éloignent du Ciel ?
  2. Les moyens mis en œuvre pour pénétrer les profondeurs sont toujours suffisants pour commencer, mais jamais assez pour finir.
  3. Le mystère du temps, maître des causes, accompagne les moyens sans nous apporter un soutien particulier ni une aide pouvant propulser nos actions.
  4. Ainsi sommeillent des siècles sous les cendres de l’histoire du monde faute de temps et de résolutions.
  5. La volonté suggère qu’il y a plus que l’objectif. C’est ici, dit Gbé-Woli, qu’il faut finir.

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  1. Abla-Aklan : « Du but et du chemin, le meilleur guide est le chemin, le meilleur maître aussi. »
  2. Accroître les moyens, augmenter ou diminuer les proportions engagées, réviser le temps, sont autant de précautions inutiles.
  3. Il est vain de trouver un chiffre définitif pour corroborer la fin d’une œuvre naissante. Au mieux d’une disposition sage, il faut résoudre l’équation de la joie du labeur.
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