Forge : Cours 6
Jusqu’à présent les remous n’ont pas cessé au sein du corps des nouveaux Initiés.
Iyamonkpo n’a pas répondu à la question de certains qui voulaient savoir ce qu’est devenue « la femme sans nom » de KAKO.
Ce fut d’abord un tollé, mais le calme de Iyamonkpo alerta quelques uns qui ont changé d’attitude et sont devenus moins agressifs. Les insurgés ont élaboré leur indignation sur l’incongruité du conte qui a omis de révéler le nom de la femme qui a souffert avec KAKO. Ce que la femme a fait quand elle a perdu son fils et ce qu’elle est devenue après la mort de son mari, devrait être relaté. Ils ne pouvaient tolérer l’absence de clarté dans un sujet aussi important. Ils disent que dorénavant leur initiation est bâclée. Aussi, pour eux, un généreux croyant comme KAKO ne doit pas mourir dans la mémoire des gens. Ils trouvèrent trop criarde et très révoltante cette injustice de la nature et des hommes. Ils exigèrent que tout le groupe fasse la même remarque et que pareille chose ne doive laisser personne indifférente. Malgré le sourire sur leurs lèvres, tous se montraient très fâchés. Mais, n’obtenant ni une réaction de notre Institutrice, ni le soutien du reste de leurs Confrères, leur appel à l’insurrection s’est noyé et ils sont mis dehors.
Après cet incident, Iyamonkpo, doctorale et pragmatique, nous dit :
« Quand l’éclipse se produit, ils disent que la lune cache les rayons du soleil ou que la lune se débat pour échapper aux étreintes chaleureuses du soleil. Pourtant, tous les jours, le soleil féconde la lune. Notre Mère, à chaque instant de leur union, fait descendre la Corde parmi nous et, à ceux qui savent voir, le soleil et la lune éclairent le chemin. Que font les astres dans la fécondité de la nature humaine ? C’est ce que vous êtes venus voir. Mais, je ne suis pas la personne indiquée pour vous faire comprendre ce phénomène des mariages célestes. Loin de me dérober à ma mission, je pense à mon devoir. Notre Mère m’a confié 18 Tablettes. Je vous les livre une à une. Voyez et lisez, vous-mêmes. Sur la première Tablette, il est écrit :
La Corde compte 7 nœuds
Vous l’avez lu. La première Tablette est accompagnée d’un message.
Je vous en livre le contenu :
Sorcier oublie ici bonne volonté et libre-arbitre.
Au profane, ces arbitraires servent d’apaisement.
A toi, ils n’enseignent plus rien.
Ils sont sans effet dans notre monde.
Quand tu traverses le fleuve,
Même si tu sais nager, sois prudent.
Ne nage pas à l’aveuglette, ni à la ‘’qui va vite’’,
Promène ton œil par-ci, par-là.
Même dans un marigot, tes ennemis se cachent.
Et tu ne sais pas d’avance les nénuphars qui les abritent.
Bravo ! Tu es parvenu ! Bienvenu !
Le Sorcier est arrivé, faites-le asseoir.
Mais s’il compte sur sa chance,
Attend une aubaine sans rien fournir,
Qu’il reste débout.
Ici ne s’asseyent que les méritants.
Ô Sorcier, es-tu intelligent et doué ?
Réfléchi et avenant aux contes stupides ?
Préfères-tu voir ton cerveau à place de ton rêve ?
La raison à la place de ton imagination ?
Sais-tu déjà faire tes sacrifices ?
Que donnes-tu pour recevoir ?
Que perds-tu pour gagner ?
Honores-tu notre Mère ?
Est ignorant, bête et méchant,
Le parent qui te dissimule ces vérités.
Le Défi est un feu nécessaire au nouveau venu
Dont le cœur est anesthésié par la froideur,
Dont le mouvement est entravé par son imaginaire.
Richesse et gloire sont nécessaires au Sorcier
Qui a franchi le seuil de notre Portail.
Nous lui faisons cet honneur
Pour qu’il ne soit plus dominé et contrôlé.
Et prudents, de rester ou de retourner,
Nous ne lui laissons plus le choix.
Sorcier, notre Mère te permet de la défier.
La Rivalité est l’air que nous humons.
Le Sorcier en respire autant pour sa force que pour son intelligence.
C’est le primordial de son ultime face-à-face avec son sort.
Aujourd’hui, il le sait, les rapports de force sont aussi divins.
Ils sont nécessaires à la forge des compétences.
Ils font croître les performances.
Sorcier, respire encore et encore cet air.
Malheur à toi si tu fuis cette bagarre de tes poumons.
La Propriété est notre terre
Elle ne se partage pas, elle se cède.
Elle ne se donne pas, elle s’achète.
Sorcier, as-tu ta propriété ?
Comment la protèges-tu ?
Est bien stupide, celui qui a fait ce long voyage et dit :
‘’Je n’ai pas besoin d’un socle’’
Il trouve à redire à l’aisance d’autrui.
Dans l’art de l’infortune, il excelle.
Ne lui demandez pas de faire des comptes,
Il n’en sait rien, il ne connait pas la fusion capitale.
Au bilan du devoir, il somnole et s’endort.
De l’héritage commun, il a eu sa part,
Mais il erre à chercher l’indépendance et la paix.
La Suprématie est l’eau de notre maison.
Sorcier, prends-en suffisamment.
Bois et lave-toi avant l’agape.
Le profane fait souvent rire de lui
Lorsque, à table avec les sages,
Il présente la vanité et la vacuité des choses
Comme l’essence de sa paresse.
Pour ce fait, il est indécis.
Donnez-lui de notre eau.
Permettez qu’il raconte son histoire.
Il en sait beaucoup sur l’orgueil et l’égoïsme du monde.
Il finira par vous dire qu’il a lu les livres sacrés,
Que Dieu lui-même, de ses propres mains, a écrit des lois.
Donnez-lui notre eau, mais faites l’économie de votre savoir.
L’Inféodation est notre souffle.
Sorcier, soumets-toi à temps et jamais à contretemps.
Le Sorcier doit être courtois.
Lorsqu’il arrive à table,
Il s’assoit dans un silence prudent,
Ses oreilles attentives, ses yeux en alerte.
Ainsi s’acquiert la sagesse,
Heureux le Sorcier qui est favorisé dans sa vie
Par des prières et des mots de sagesse.
Le Sexe est notre premier rite.
C’est le sélectionneur de notre race.
Nous ne sommes ni noirs, ni bruns, ni rouges, ni jaunes ni blancs.
Nous sommes de la race supérieure.
Nous sommes l’Humain.
Dépendre du sentiment d’autrui ne nous profite pas.
Cependant, Sorcier, va à la compétition,
L’hiérarchie n’est qu’une enveloppe sexuelle.
Sache-le, du plus petit au plus grand,
Aucun d’eux ne déteste ce plaisir.
Ce n’est pas à toi d’en faire un déplaisir.
Le Charme est notre deuxième rite.
Conquérant, ici, prends ton bouclier.
Un gibier insignifiant peut cacher une bête féroce.
Béni soit le Sorcier qui dans sa vie
Est soutenu par la prière et par l’esprit des ESIM,
Car un conseil mal avisé est souvent donné entre mortels.
Qui écoute l’Invisible, ne périt pas à la guerre.
Sorcier, sois puissant en séduction.
C’est la force que notre Mère recommande à nous tous.
Prépare parades et hommages doux aux plus puissants que toi.
Tu ne les flattes pas car, tu sais ce qu’ils sont.
Notre Mère garde une sévère considération pour ces choses,
C’est pourquoi la Corde abandonne dans les fosses de la terre,
Ceux qui ne savent ni apprécier ni quoi faire de ces 7 nœuds.
La prophétie est claire, vous ne serez que 7 à la Grande Fête.
Alors, pressez-vous. Que l’usage des 7 nœuds soit votre but. »
