Vingt-troisième apologie : Le Messager Losso.
Losso entretient la foi comme un principe essentiel et incontournable dans la vie de la créature. Il conçoit la foi comme étant le sel des réalisations quelles qu’elles soient, la magie du bon goût des actions, le coin de feu qui réchauffe le réalisateur par temps froid. Il vivifie la peur et l’utilise pour protéger et maintenir la foi dans léthargie et l’inertie chez le profane, dans la pensée et l’activité chez l’initié. Mais il ne laisse ni l’un ni l’autre libres dans leurs attitudes. Ce messager enseigne qu’avec la créature rien n’est assez parfaitement acquis sans sa contribution. La Foi ne pourra instaurer son règne divin que dans un univers propice et ambiant créé par la créature elle-même.
Le Babalawo :
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- Botchè nous lâche le cinquième Messager en ces thèmes: « Va. Conjure l’Oracle. Nomme-toi Losso. Garde en toi le Symbole et sois Vision.
- Je t’envoie au milieu des ignorants. Guéris-les, et consacre-les à l’œuvre du Ciel.
- Du palmier, la créature tisse une toile neutre, sois pour son ouvrage la teinture bénie des Dieux.»
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- Et Losso s’empare du Sacré en disant: « De la Maison de la Mère de l’Univers des tambours retentissent: ” Que la Vie coule … coule … coule.’’ »
- En écho à la Volonté du Ciel, je crie: “Que l’Ordre soit. Que l’Ordre soit. Que l’Ordre soit. “
- Je défonce la source pour que la Vie en jaillisse abondamment.
- Je suis la première pluie, celle qui arrose la terre assoiffée.
- Je mets à ton cou le joug de mon nom.
- Je te rappelle l’ultimatum de la création: ” Que la vie coule.”
- Je te le précise, la vie ne devient un acquis à part entière que quand ses principes s’harmonisent en toi.
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- A côté de la Volonté en tant que manifestation divine, j’entretiens un autre principe vital: la Foi.
- Si tu conçois la Foi comme une porte d’accès rapide à la félicité, je te livre mon nom.
- Je te l’assure, nourris-toi de la mansuétude du Ciel et, la Foi produira en toi l’intelligence des choses.
- Sache-le, ce principe est incontournable dans la recherche de la Vérité.
- Si tu sèmes un grain, c’est dans l’espoir qu’il germera et donnera plus de grains.
- Les étapes successives du destin du grain t’étant indifférentes, ne peuvent encourager ton geste et ton attente des fruits de ton effort que si tu crois en la germination dont tu ignores tout.
- Ton geste de semeur peut-être imitatif ou obligé par la nécessité, peu importe; il renferme la notion de Foi à laquelle je t’invite.
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- La fin qui t’attend est sournoise. Elle guette tes pas. Ce jour-là le Ciel grondera. La Terre tremblera.
- Tu n’échapperas pas à mes embuscades car, tu seras, n’en doute pas, à la fois, pauvre et stupide, riche et méchant, puissant et meurtrier, gueux et pécheur, mystérieux et profanateur.
- Assurément, une charge quelconque te précipitera dans l’abîme où ma terreur t’attend.
- Va alors à la chasse. Mais si tu recherches autre chose que la Foi, tu trouveras la matière et tu perdras l’esprit.
- Je suis le Un-Un-Deux-Deux. Mon Corps est l’Air. Et le Ciel fut. »
