LE PARCHEMIN

Quarante-sixième apologie : Le Parchemin.

Le sage va prendre congé de son compagnon de dernière heure. Ses hommages et louanges s’élèvent et éclairent son enseignement d’un jour nouveau. L’invisible, comme dans un écho loin du prêtre et proche du sage, déploie des sublimités. Avec joie et sérénité, le Maître prépare la coupe dans laquelle il continuera de boire, la donne à son élève et tire ses révérences. Le Sage a conduit son illustre disciple par la main jusqu’au moment où il lui faut s’abandonner cette fois-ci en se soumettant. De l’ancien, quelque chose de nouveau vient de naître. Ce monde dérisoire et terrible exige qu’on choisisse des chemins difficiles pour s’affirmer. Le FA vient de le faire. Fatigué de son indifférence à propos des railleries profanes, il vient d’enfoncer le clou, le sien, par la bouche un peu trop prolixe d’un vieillard dont le jour se lève tandis que la nuit de son dernier compagnon se meurt.

Le Sage :

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1. L’éloigné ne l’apprécie guère, est le nom de la sauce.
2. Le mouton domestique ne craint pas le chasseur.
3. Celui qui possède des charmes doit avoir la vérité
4. Sinon, il perd gourde et poudre magique.

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5. Mon cher Collègue, ce que nous achevons aujourd’hui n’aura pas de fin.
6. Car, c’est en s’achevant que le bananier se replante.
7. Ifa, repère des Dieux et des humains, je reconnais ton assistance tout au long de ce rite sacré ordonné à la consécration de ton nouveau serviteur.
8. Il m’a donné la confiance de revêtir l’œuvre de la lumière de son intelligence.
9. Je ferme ce que tu m’as permis d’ouvrir sans livrer la Nuit à l’holocauste.
10. J’ai exhorté mon illustre compagnon à ne pas commettre ce forfait meurtrier.

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11. Je lui ai montré les signes et les symboles. De seize, il sait lire l’avenir.
12. Il connaît l’Oguédé. La Table n’a plus de secret pour lui. Il connait les trois mains d’Orunmila. Ses doigts aussi.
13. Il connaît l’Ofo. La Toile lui a été enseignée. Il sait faire le pas. Il sait compter.
14. Il connaît l’art de vaincre sans combattre. Il a reconnu les douze et les seize. Il sait multiplier.
15. Il a vu la Vérité. Je lui ai montré les quatre.

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16. Les feuilles n’ont plus de secret pour lui.
17. Il sait guérir les maux. Il connait l’Ohun Ifa.
18. Mais mortel, je n’ai pas pu lui enseigner l’immortalité. Cependant, il connait l’Infini.
19. Dans mes gestes, dans mes yeux, il a lu l’infinie dimension de la Parole, il a aperçu l’éternité du Signifiant et l’universalité de la Science.
20. J’ai mis la Science et la Religion de ta Famille entre ses mains.
21. O Ciel, éloigne de lui la méchanceté et l’odieuse ignorance.

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22. Que rien ne l’arrache à l’Arbre.
23. Qu’il ne se noie pas dans la marée des considérations profanatoires.
24. Que mon alliance avec lui, fasse de l’enseignement d’Orunmila, la substance qui rallie ses Ancêtres et le libère.
25. Maintenez-le fermement au Service de l’Inter-Monde. Qu’il parachève la Mission.
26. Qu’il reste lumière dans les ténèbres. Qu’il agrandit la Maison à la dimension du Ciel et de la Terre.
27. Qu’il garde dans son cœur le secret de la révélation et rend partout hommage au Ciel et à Dieu.

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28. Grand Vodun, Oricha Nla, Oba Dudu, réponds-moi.
29. Le crépuscule approche. Je n’ai plus grand-chose à faire dans ce marché.
30. Les fruits sont murs et très beaux mais la chauve-souris ne peut pas manger la baie et demeurer dans l’arbre.
31. Je rentre à la maison et je laisse ce monde à ses usagers.

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32. Quelle splendide escorte!
33. Pourquoi m’envoies-Tu tous les Oricha d’Ifè?
34. Ma mort mérite-t-elle tant d’honneur ?
35. Ochumalé est dans ses éclats.
36. J’entends le clairon de Chango.
37. Le Grand Oro mugit.
38. Chanpanna piétine la terre.
39. Ogou attend le signal.
40. Yémandja, de sa voix douce, entonne la chanson.
41. Je vois la main d’Okpomadjalékan, ma chère mère, elle s’impatiente.
42. Que de danses!
43. Que de chatoyants habits!
44. Quelle diversité de charmes, de beautés et d’esprits!
45. Okun-kun-biri- biri n’est plus loin.
46. Quel sacrifice peut les désobliger?

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47. Oh ! Regarde ma pirogue, elle est toute bleue.
48. Ô lIè, Terre nourricière, fais ton œuvre.
49. J’ai compris. L’insurrection des bâtards prend fin aujourd’hui.
50. Pour voir Dieu, ils vénéreront la splendeur de la silencieuse sagesse.
51. A l’instar des Voduns de la vallée de l’abondance, ils créeront le fétiche et le Satan.
52. Les enfants du FA qui seront avec eux leur enseigneront le Vodun et l’Orisha et ils perdront leurs froids ressentiments.

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53. Regarde des camps ennemis prêts à se battre.
54. Un fou survient en criant: «la guerre … la guerre … la guerre. »
55. Les belligérants abandonnent leurs armes.
56. Ils fuient en rangs mêlés dans la même direction.
57. Pendant leur course, loin de la douceur de leur vallée, ils découvrent qu’ils évoquaient les mêmes Dieux, ils adressaient les mêmes supplications de paix et de prospérité aux mêmes divinités.
58. D’où vient alors la bataille si ce n’est pas de la folie?
59. Dès lors, ils s’unissent contre la science tuante et adoptent la Science Suprême comme voie de salut.
60. Et, sans d’autres armes que leur Vodun et leur art de guérir, ils décimèrent le rang de leurs ennemis.

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61. Sa-Gbé a dit, « Le secret se fait, Ibi- kun -lé, dans la prospérité,
62. Iré- kun- lé, dans le bonheur,
63. Owo-kun –lé, dans la richesse.
64. Et non” mort aux ennemis.”
65. Si tu les tues, tes jours aussi seront comptés. Tu périras avec ta descendance.
66. Ne les envoûte pas non plus. Leur malheur t’apportera malheur. »

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67. Dans le secret tu recevras des privilèges.
68. Tes ennemis deviendront tes amis. Apprends-leur à éviter le Mal. Apprends-leur à faire le Bien.
69. Enseigne-leur l’Inter-Monde, le central de toutes les énergies et de toutes les vibrations.

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70. En entrant ou en sortant du couvent, Égungun, le Grand Revenant, marche à reculons.
71. C’est signe qu’il maîtrise les ondes, celles qu’il quitte et celles vers qui il va. Il contient le monde. Il contient les énergies. Il contient les vibrations.
72. « Les terribles mâchoires de la mort ne broient pas la vertu », a dit Tula-Yèkou.
73. Généreux parmi nous, l’Ancêtre Chami Chaman Odou Nla nous revient. Ses pieds tiennent le sol, tracent les quatre points cardinaux comme s’ils retrouvaient subitement les assises de la terre.
74. Il nous revient possesseur de l’Equilibre contre lequel, les tourbillons du mensonge ne peuvent plus rien.

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75. Mon fils demeure dans Botchè, la Sagesse, et prie Bolu, le Miséricordieux, pour que le Ciel n’envoie pas le Courroux.
76. L’avènement du redoutable Génie sèmera une terreur sans pareille et, après lui, il ne restera que la Terre.
77. Ne traite pas le FA de menteur. Il ne ment pas.
78. Ne blasphème pas. Boyè n’est pas méchant. Il n’est ni traître ni diable.
79. Dans la Nuit, un soleil se lèvera et, tous comprendrons que le mauvais n’est que nous.

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80. « Respecte le Ciel pour qu’il te soit favorable le jour de ton jugement.
81. Si tu rencontres celui qui parle autant que toi, tu seras appelé bavard. »
82. Ces noms ont consulté pour Orunmila.
83. Abla-Tula lui dit: « Sur le chemin du Secret, tu rencontreras Lêgba. Il t’ouvrira le cœur des humains. Vous parlerez jusqu’au petit matin. »
84. Le FA rencontre Lêgba et lui demande:

« Depuis quand es-tu sur la Terre? »

85. Lêgba lui répond: « Depuis peu. Mais, en vérité, je m’en mords le doigt. »
86. Orunmila lui dit: « Je te donne à boire et à manger pour que tu restes. »
87. Lêgba prend le poisson et la boisson de FA.
88. Orunmila lui dit encore: « Je te donne une natte pour que tu restes. »
89. Lêgba prend la natte et se couche dessus.
90. Les deux amis se sont dit beaucoup de secrets.
91. Les méchants furent dévoilés.
92. Aujourd’hui, ils manifestent leur antipathie.
93. Ils accusent Lêgba. L’heure de la dérision a sonné.

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94. Jusqu’à quand mes yeux se réjouiront-ils de la splendeur des buissons flamboyants dans lesquels la Sagesse jette ses grains?
95. Mon fils, le manque du sens des valeurs a perverti le sublime.
96. L’artificiel paraît plus beau que nos réalités intérieures.
97. Tant qu’il y aura des indéfinis et que l’humain restera un mystère pour lui-même, la flamme de Dieu ne s’éteindra pas.
98. Les expériences spirituelles ne cesseront pas de décrire ce feu imprenable, animateur du Bien, du Beau et du Vrai.
99. Dieu est une vision intime de soi-même. Chaque peuple l’expérimente à sa manière, avec le même soupir profond.
100. Il n’y a de Dieux irrecevables que pour celui qui ignore cette réalité.

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101. Béni soit celui qui, dans la course, attend le vrai départ.
102. Béni soit celui qui poursuit son chemin contre vents et marées.
103. Béni soit celui qui a vu la Gloire et l’a suivie.
104. Béni soit celui qui, puissant, continue d’œuvrer pour le Bien.
105. Béni soit celui qui a tout donné pour l’édification de la Famille.
106. Béni soit celui qui prête son intelligence à la fortune de tous.
107. Béni soit celui qui fait de sa moisson, la moisson de tous.
108. Béni soient les constructeurs de la Tolérance, du Partage et du Progrès.

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109. Quand le feu s’éteint, il se couvre de cendre.
110. Quand le bananier meurt, il laisse des rejets.
111. Ne sois pas le feu agité, brûlant et dévastateur.
112. Sois le bananier calme, frais, doux et prévoyant.
113. Sois un éclaireur et non un despote. Sois un maître et non un amuseur. Sois un esprit et non un moment.

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114. Rends grâce à Orunmila.
115. Emprunte l’ultime voie de ta renaissance, celle que je t’ai tracée.
116. Comme moi, bois le vin du FA jusqu’à la lie. Plus personne n’en boira autant.
117. Que le vase vide porte tes empruntes indélébiles.
118. Les vrais serviteurs du FA évoqueront toujours ton nom.

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119. Enfin ma bouche a chanté le Mystère. Elle peut maintenant se fermer.
120. Rattachons-nous à l’Esprit Cosmique en portant la main droite à l’épaule gauche.
121. A travers toi désormais, tous ceux qui témoigneront de cette alliance de Vérité, de Partage et de Paix, hériteront le Bonheur et seront appelés les Heureux Serviteurs de l’Inter-Monde, les Vainqueurs des temps et des lieux.
122. Leurs semailles porteront de bons fruits, ils seront riches et leur nom n’aura pas de fin.

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123. Ceux qui assisteront aux agapes éternelles ne verront pas ces merveilles qui nous enivrent en ce moment, mais, ils diront et écriront:
124. « il y a plus de quatre mille ans, ici, dans ce faubourg de la Terre Noire, commença la plus longue marche de l’Humanité. »
125. Ils feront cela, non seulement, en hommage aux crieurs bénis de la lumière qui éclairera le monde jusqu’à l’éternité, mais aussi, pour ceux qui resteront fidèles à la Tradition.

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126. La peau du caméléon ne saurait être enlevée sans le consentement de son Créateur.
127. Tel est le nom qui a consulté pour moi au début de ma mission.
128. Yèkou-Sa m’a dit: « Fais tes sacrifices. Les sacrifices t’ouvriront le chemin. »
129. Orunmila m’a dit: « Quarante et trente font le nombre.
130. Quarante kolas bien mûres.
131. Quarante coqs bien grands.
132. Quarante brebis bien bêtes.
133. Quarante boucs bien savants. »
134. J’ai compris. J’ai accepté.
135. J’ai fait l’offrande de trente houes.
136. J’ai fait l’offrande de trente machettes.
137. J’ai entreposé quarante et trente.
138. La danse du FA, tel a été mon sort.
139. Tout s’est tu. Pourquoi cette accalmie?
140. Ma bouche s’est ouverte. Le secret est entré en moi.

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141. « Toute chose meurt. Le vent ne meurt pas.
142. Sois tout entier dans tes talents. Tu ne mourras pas.
143. L’air va partout. Le vent atteint tout lieu. »
144. Ses noms ont consulté pour le Secret, l’Envoyé du Ciel.
145. Woli-Lètè lui dit: « Là-bas, pour manger, tu mentiras. Tu mentiras au nom de ton envoyeur. »
146. Or, Le Secret ne bouge pas. Il ne se lève pas. Il reste toujours au même endroit. Tout ce dont il a besoin lui vient de partout. Tous ceux qui ont besoin de lui, mâles, femelles, viennent le voir.
147. Les indignés et les jaloux se sont plaints. Orunmila les a gardés loin du Bonheur.
148. Le Secret ne se détruit pas.
149. Le Secret vit de son mensonge. Celui qui le détruit meurt dans la misère. La vie le relègue au dernier rang. Orunmila l’accable de douleurs.

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150. « Cette brousse ne ressemble pas à une autre.
151. Ce marigot ne ressemble pas à un marigot.
152. Tout ce qui se passe en ces lieux t’a vu grandir.
153. Dans tes pérégrinations, tu as rencontré un ami. Il est différent de ton frère. Il est la patate douce, douce. Il est ton doux compagnon. »
154. La Religion, à sa sortie du couvent, a rencontré ces noms.
155. Tula-Gbé lui a dit: « Ce qui est doux ne s’abandonne pas vite.
156. Ta mère, ton père et ton frère ne te montreront pas la Voie.
157. Seul ton ami peut te montrer la Voie. Ce que tu as, partage-le avec ton ami.
158. La patate douce, c’est le FA. L’ami, c’est l’Orisha, c’est le Vodun.
159. Orisha-est-l’ami, c’est l’autre nom du FA. Ne trahit pas ce secret. Celui qui sait ne trahit pas. »

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160. Cher disciple, je pars heureux d’avoir célébré l’Humanité Divine.
161. Je l’ai fait contre l’ordre du Secret.
162. Fais de même en ayant soin de ne pas livrer la Nuit à l’ignorance.
163. La Nuit de la Forêt. La Forêt de la Nuit.
164. La séparation ne dure pas.
165. De la séparation, naît la compréhension.
166. Le Secret avant son retour au Ciel a consulté le FA.
167. Di-Sa lui a dit: « Respectons-nous. Respectons la parole donnée.
168. Tu dois faire le secret. Après l’incendie, le mur reste. Tu resteras parmi eux.
169. Ils t’avaleront et tu resteras en eux, tu ne les quitteras plus.
170. Celui qu’ils verront, ils l’appelleront Père du Secret.
171. S’ils veulent avoir de l’argent, ils prendront la noix de palme. Ils lui demanderont le secret de la richesse.
172. S’ils veulent avoir un enfant, ils prendront la noix de palme. Ils lui demanderont le secret de la prospérité.
173. En toute chose, ils te verront.

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174. Le Secret ne meurt pas.
175. Les blasphémateurs traiteront le Secret de menteur, de paresseux.
176. Ils manqueront d’égard aux choses du Ciel.
177. Ils feront comme des gens qui ne vont jamais mourir.
178. Ils oublieront ceci.
179. Ils oublieront cela.
180. Celui qui connait ceci, ne connait pas cela.
181. Celui qui ne fait pas ses sacrifices meurt. Il meurt de la mort qu’il se donne.
182. Celui qui fait ses sacrifices vit. Il vit de la vie qu’il se donne.

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183. Voici Dieu, Olodumaré, Mahou, Ame des Splendeurs Indicibles.
184. Je te le révèle maintenant.
185. Des jours après ce rêve de mer, de prairie et de montagne, j’assistai à une étrange transhumance.
186. J’ai vu des gens égarés courant en tous sens.
187. Ils n’ont pas de boussole. Ils n’ont pas de guide.
188. En rangs dispersés, ils se cherchaient.
189. Les mamans cherchaient leurs enfants.
190. Les hommes cherchaient leurs femmes.
191. De jeunes gens cherchaient leurs parents.
192. Et les voies qu’ils empruntaient pour se retrouver ne se croisaient pas.
193. J’ai pensé : « ces gens sont perdus, ils ne se reverront plus. »
194. C’est alors que je vis Dieu, Olodumaré, Celui qui nous reste quand nous avons tout perdu.

46

195. J’ai vu Dieu.
196. Je L’ai vu de mes propres yeux.
197. Mais je n’ai pas pu distinguer la couleur de sa peau.
198. Malheur à celui qui prononce ce Nom sans connaître Celui qui le porte.

47

199. Tous les ans, reviens ici à l’autel du sacrifice de tes Ancêtres.
200. Jette toujours ce que tu as en main. Touche le signe de ton destin ou celui de tes offrandes. Porte ta main droite à la bouche.
201. C’est ainsi que les initiés effacent la misère de leur corps, de leur cœur et de leur esprit.
202. Ce geste t’ouvrira, annuellement, de nouvelles voies de prospérité et de paix.

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203. Quiconque suivra tes pas sera appelé enfant de la Gloire.
204. Tous ses vœux seront exaucés et toute sa vie sera couverte de bénédictions.

49

205. Bientôt mon chapelet d’or pendra à l’Arbre Sacré.
206. Je resterai debout pour vous voir me faire ce que je ne pourrai plus jamais faire à quelqu’un.
207. Il faut que je parte dans ce cercueil peint de bleux et de fumées que m’offre le sort.
208. Je pars dans l’espoir que la Grande Famille Onifa suscitera des hommes mûrs pour toutes les nations en proie à des vieilleries animales.
209. Elle fera en sorte que le bon sens et le spirituel concèdent de larges places à la justice et à l’économie pour qu’il n’y ait plus des faits juridiques et économiques isolés de la satisfaction matérielle et morale des peuples.

50

210. Les tambours résonnent.
211. J’entends l’oraison des jours nouveaux.
212. Il faut que je réponde à l’appel de ma dernière initiation.

51

213. Chante toujours ce cantique de Guda Mèdji, mon Maître dans les mêmes circonstances me l’avait chanté :

‘’Si tu es un et multiple,

Tu règneras sur la multitude.

Tu seras un sage.

Si tu es seul et un,

Tu règneras sur toi et toi seul.

Tu n’es qu’un solitaire.

Ils sont nombreux et ne sont pas un,

Ils règnent en désordre,

Ils règnent sur le néant.

Ils sont une population de bruits.

Il est seul et n’est pas un,

Il règne sur le vide.

Il n’est qu’un fou’’

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214. Soumets-toi à l’Ordre, à l’Unité et à la Discipline, tu règneras toujours.
215. Tire ce rideau de palmes et va.
216. Va achever, s’il te plait, le labour entamé.
217. Sois le Semeur du bon grain.
218. Les Dieux arroseront.

10 août 2019