Losso-Fu
La grandeur vit et meurt avec ce qu’elle est aussi bien qu’avec ce qu’elle n’est pas.
C‘est parce qu’elle est grande que la vie ne retient pas les couleurs que nous lui attribuons.
Rien ne supplante la destinée que le Ciel a installée sur l’abîme.
La destinée est impénétrable. L’abîme est profond.
Rien ne nous montre que le travail de l’immensité est vain.
Incommensurable, il rend des services à l’esprit.
Celui qui a appris cela, ne manque pas de clefs pour s’expliquer ceci :
Que le nouveau vienne détruire l’ancien, allons voir la cause.
Que cherchera le profane au puits quand il sait qu’y puiser de l’eau lui est interdit ?
N’ouvrons cet arcane qu’aux dignes serviteurs d’Orunmila.
Ce prédicat sentencieux a consulté pour Iyamonkpo, la servante d’Iyami Atchorohounga.
Quand un adulte rentre au couvent, on l’appelle Allagbadja
Quand il en sort, on l’appelle Allagba.
Evitons la confusion : celui qui a grandi n’est pas celui qui est grand.
Celui dont il s’agit est grand et il sort grandi du couvent.
Nous avons dit grand, nous n’avons pas dit géant.
Pourtant on peut être géant et grand.
Ces noms ont consulté pour l’iroko (chlorophora excelsa)
Quand Iyamonkpo, dans son sommeil, a vu l’iroko,
Elle eut des intentions et alla consulter Ifa :
‘’De ma vie, je n’ai jamais vu un arbre aussi grand.
Je l’ai vu dominant la nature de toute sa taille et de tout son feuillage.
Je n’ai pas pu découvrir ses racines, mais je les imagine aussi grandes’’.
Losso Fu Adagba-t’ara-t’ara, Adagba-t’ogbon-t’ogbon lui dit :
‘’Ce qu’on soulève et qui ne se déplace pas, ne peut être ni remplacé ni détruit.
Les vœux de cet arbre sont exhaussés.
Il ne mourra plus sans laisser une histoire’’.
Iyamonkpo fit des sacrifices aux abords d’une forêt.
Elle fit d’autres offrandes sous le géant arbre
C‘est alors que l’inspiration lui vint et elle dit :
‘’Iroko, sois ma demeure pour toujours’’.
Et, jusqu’à ce jour, l’iroko abrite les intentions d’Iyamonkpo.
