Losso-Lètè
Chaque jour, une fête a lieu chez Orunmila.
La maison de ce sage s’emplit tous les jours.
Les jarres d’eau ne se désemplissent jamais,
Les marmites ne cessent jamais de mijoter.
Chan-Kpannan procure le niébé, l’igname et le fourneau.
Chango apporte l’huile rouge et le feu.
Okoun fournit le poisson, l’eau et le sel
Yémondja souffle l’air qui guide les commensaux.
Orunmila possède une concession propre et accueillante :
Vibrations, sons et danses empêchent les mauvaises herbes d’y pousser.
A la fête infinie, chaque Orisha donne un nom.
Ainsi chacun reçut son jour de fête.
Orunmila entretient le secret des fêtes sans fin.
Derrière la palissade du sage, vit un roi qui ne dort pas.
Au travail, ce roi abîme la force de son peuple.
Palabres et larmes animent tous les jours son tribunal.
La tête du roi s’échauffe et s’épaissit :
Les esclaves, en piétinant la cour, y font pousser des herbes sauvages.
Parfois l’igname, l’eau, le sel et le feu manquent,
Et le roi sacrifie bêtes et humains pour appeler la pluie.
Les observateurs disent que le roi s’offre tout pour ne pas dormir.
Le Ciel supporte Orunmila, disent les uns.
Le Ciel n’aime pas le roi, disent les autres.
L’amour partage-t-il le bien ou le mal ? Ne faut-il pas qu’ils le sachent ?
Les faits ne sont rien. Les questions sont plus importantes.
Les Irunmonlè s’assemblent autour d’Ifa.
Babalawo appelle Losso-Lètè.
Un mystérieux oracle fut étalé :
« La faim sort le gibier de sa tanière.
L’appât sort le poisson de l’eau.
Le Ciel ne manque pas de pièges.
A ses amis, il en octroie qui remplissent les cuisines. »
