Le Messager Woli.
Woli fait de l’Homme un dieu, un dieu non coupable, un dieu pensant, agissant et formant. Il envisage cette fin comme un devoir fondé sur la nécessité de satisfaire la Vie, l’Ordre et le Dessein. Devoir, autant absolu que libre, qui ne doit avoir une autre motivation que lui-même. Woli veut que la créature, à travers ses réalisations, soit un apprenti du Ciel et une source exemplaire d’inspiration pour sa postérité. Son mépris des valeurs morales est l’expression de son désir de voir la créature recouvrer les talents divins mis en lui au commencement. Il ressuscite le passé afin d’en faciliter la continuité. Avec Woli se tente des postulats. La fin spirituelle n’est pas un repos en soi. Identifier l’esprit à soi et conclure la paix au physique est une vaine consolation. On est spirituel par l’émotion profonde. Celle-ci ne peut pas à elle seule définir l’être et épuiser d’une manière définitive le fond de la démarche éternelle: se connaître et se construire. D’autres formes de vie plus simple, comme le travail manuel, peuvent satisfaire aux objectifs moraux, sociaux et spirituels du Dessein et, du reste, faire rayonner le Bien, le Beau et le Partage.
Le Babalawo :
23
- Botchè nous lâche le troisième Messager en ces thèmes: «Va. Conjure l’Oracle. Nomme-toi Woli. Garde en toi le Symbole et sois Vision.
- Je t’envoie au milieu des ignorants. Guéris-les et consacre-les à l’œuvre du Ciel.
- Du palmier, la créature tisse une toile neutre, sois pour son ouvrage la teinture bénie des Dieux. »
24
- Et Woli s’empare du Sacré en disant: « Je porte les conditions de ton innocence.
- Saches que je suis le ver qui t’anime.
- Il te serait plus aisé de venir à la Porte du Ciel avec la somme de ta sueur qu’avec ce que tu ne connais pas.
- J’ai assisté à la formation de la Vie et de l’Ordre. De cette expérience, je te dis, ne crains pas le labeur.
- J’ai assisté aux meurtrissures causées par la disparition du palmier. De cette expérience, je te dis, dans la souffrance, n’attends point de consolateur.
- J’ai assisté à la descente des Principes. De cette expérience, je te dis, dans le travail n’attends point de soulagement.
25
- Travaille maintenant. Entreprends tout ce qui maintient ta vie et ta conscience dans l’eau pure et paisible de l’Ordre.
- Je te dis que l’esprit ne connaît ni un début ni une fin.
- Je m’attache au chemin, celui que le fleuve parcourt à sa guise.
- Je détermine ce qui est juste pour toi. Je te montre le bien imputable à tout acte dicté par la volonté.
- Je prime l’action, j’en fais un devoir fondé sur la nécessité de satisfaire la Vie et l’Ordre.
- Ta morale ne me dérange guère.
- J’approuve tes actions. Je désapprouve tes craintes. Agis et ne regrette plus.
- Je suis le Deux- Un- Un-Deux. Mon est l’Eau. Et la Mort fut. »
