MONOGRAPHIE 47

21 juillet 2022

MONOGRAPHIE 47

Quarante-septième apologie

Les 256 Nœuds de la Peine de Vie

Le nouveau prêtre libéré, s’accoutumera peu à peu aux visites quotidiennes que la Sagesse rend à ses pensées. Resté seul avec son Vodé, Akpo Ifa (sacoche contenant des objets sacrés), il adaptera son verbe et son comportement aux messages codés du mystère et du secret tout en rendant actifs pour ses interlocuteurs profanes les enseignements de la Vie, de l’Ordre et du Dessein. Ses visions, actes et propos serviront de véhicule aux aspirations profondes de ses instructeurs aussi bien qu’aux vœux du Ciel. D’une intégration, en rapport avec le temps et l’espace, il établit, entre sa conscience et les réalités de la vie, un pacte d’élévation savante du caractère subtil des choses et des êtres. Comme ses Pairs, il couvre son enseignement d’un mystère salutaire pour tous ceux qui l’approchent dans l’intention d’investir leurs capacités dans la satisfaction des besoins à caractère visible et invisible qui sont les leurs et que le Fa récence : manger, vêtir, soigner, loger, éduquer, sécuriser, informer, former, reproduire, connaitre, enrichir, intégrer, appartenir, reconnaitre, dominer, humaniser, communiquer, etc. Tout ceci se recouvrant par trois thèmes. J’ai faim, je mange. J’ai un besoin, je le satisfais. J’ai envie de faire quelque chose, je le réalise. C’est en somme l’expression de la liberté la plus profonde de l’être. C’est la réalisation de l’invisible.

Ce sont les 256 signes du FA qui facilitent au Prêtre cette expérience unique, abstraite, vivante et réelle, un pacte intérieur, vecteur de sa prescience, de sa puissance et de ses capacités professionnelles. Chaque jour, il perfectionne ses connaissances au contact de celles des autres, profanes et initiés qu’il côtoie, consulte, conseille et accompagne dans des recherches. Cette pérégrination sans fin améliore la qualité de ses prestations et lui permet d’accomplir discrètement sa mission. Mais pour affermir sa foi et s’assurer de sa maîtrise de la tradition sacrée, il lui faut de temps en temps subir l’épreuve du dénouement des 256 Nœuds de la Peine de Vie. Cette épreuve couronne chaque étape de la vie sacerdotale et se fait plusieurs fois avant la dernière initiation, celle décisive qui inscrit le nom du prêtre dans les annales de l’histoire de sa communauté.

Au bout de sept jours de rites, le nouveau Prêtre s’installe au milieu d’un cercle tracé devant une foule d’initiés qui, au moins une fois, ont déjà connu le même baptême de feu. Le cercle est appelé Ilé Ogboni. Là, assis majestueusement sur le trône Akpoti-joko-Babalawo, il est  tenu de répondre à 256 préoccupations émanant de l’actualité ésotérique et formulées dans des questionnaires préétablis selon des critères bien définis par un conseil de sages. Les questions ne sont pas toujours les mêmes. Elles se nuancent et changent au fil des ans. La tâche lui est facilitée par ses expériences et les divers enseignements qu’il a reçus de ses formateurs. Mais l’indifférence de l’assemblée pour les réponses qu’il donne aux questions posées, est comme une accusation muette contre laquelle, resté seul, il préparera un plaidoyer. Ses réponses ne formant qu’une direction prise parmi tant d’autres qui se bousculent dans sa conscience depuis le jour où tout lui a été révélé. Ainsi s’initie-t-il lui-même au vide de l’âme, à la solitude du cœur, à l’abîme des peines, à l’inconséquence de sa mission, à un amas de vides à remplir coûte que coûte. De plain-pied, il entre dans la nuit des terribles cauchemars du silence des êtres, des choses, des signes et des symboles, une nuit angoissante qui oblige tout missionnaire de la Vérité à avoir une lanterne pouvant lui permettre de se mettre en situation. Situation emblématique, souvent endémique, qui force le rôle de l’Instructeur : affermir le savoir de son collègue en l’enrichissant.

L’Instructeur :

53

  1. Cher Collègue, maintenant tu procéderas à l’activation du vu et de l’entendu en comprenant d’abord que tout ce que tu as appris jusqu’ici  est unique mais prend diverses allures selon le plan de  l’être considéré.
  2. Au plan humain et social, des signes planifient les comportements individuels et collectifs.
  3. Au plan moral et spirituel, les symboles les codifient et les harmonisent.
  4. Au plan noétique et divin, des graphiques et des chiffres déterminent la qualité et la performance de l’esprit qui les observe.
  5. Au fait, ces signes, symboles, schémas et chiffres condensent toutes les données pratiques du Fa et ne se prêtent pas aux étalages profanes.
  6. Oracle ou Arcane, chaque signe dévoile, éclaire, conseille, guide en parlant du passé, du présent, du futur et de l’inconnu.
  7. Maison, chaque chiffre propose une référence originelle que la sagesse, la raison et la vérité sèment dans le cœur des Anciens.
  8. C’est que toujours, avant ou après le Sage, le Fa constitue un langage artificiel supposant l’existence d’une réalité plus concrète que les objets sacrés et permettant une vue la plus large possible sur l’Energie, le Corps et la Mesure qui sont ses vêtements à la fois abstraits et concrets.

54

  1. Le FA est aussi Feuille, éwé, la nature la plus proche de nous.
  2. Feuille, il nous amène dans un couvent où la fraîcheur de la nature et l’effervescence du verbe soulagent les souffrances du corps et de l’esprit.
  3. Il reste une mémoire collective à laquelle le Prêtre du FA recourt pour consulter, poser les diagnostiques et fixer des traitements énergétiques tout en préparant le corps et l’esprit à l’entame du bonheur et du salut.

55

  1. Le Fa  est aussi, Ifa, la Connaissance, l’attrait, l’attirance, le pourquoi de tous les jours, le champ magnétique installé par le Ciel pour amener à lui les dieux désincarnés car, n’en doutons point, l’Homme n’est pas que corps, émotion, mental et esprit, il est aussi âme et dieu.
  2. Ses instabilités et ses malheurs proviennent du désaccord des différents sons produits par les nombreux tambours de son être.
  3. Perdu, il est souvent seul.
  4. Sauvé, il ne l’est jamais sans la main du Ciel.
  5. C’est ce que confirme l’illogisme des visions que présentent les 256 arcanes que je t’expose.
  6. L’arcane, à la fois, ouvre, ferme et inverse l’énergie cognitive qu’il véhicule.
  7. C’est ainsi qu’il sécurise notre immaturité et laisse la voie à la diversité des interprétations dont il fait l’objet.
  8. Pratiquer le Fa c’est accepté le sacrifice de l’irréflexion, de l’insouciance, de l’inconscience, le sacrifice qui convient à notre évolution, celui qui allège la vie du poids de l’inutile, du superflu, de la spéculation, la libère, ouvre et lui balaie le chemin de l’âme et du divin.

56

  1. Le Fa est aussi Amour, celui que la femme incarne.
  2. Dans nos rangs, cette accession du Fa Sacré se traduit par l’histoire de Fanon et de Fali.
  3. Ce couple est promis au mariage et devait passer l’épreuve de la Connaissance de Soi et de l’Autre.
  4. Fanon et Fali vont découvrir les 256 noms de l’Amour avant de s’unir.
  5. La nuit tombante, les fiancés furent conduits en un lieu secret.
  6. Devant eux, dans une demi-obscurité et sans rien dire, un sage dépose par terre la tablette où sont gravés les noms magiques de l’Amour.
  7. Les amoureux ne doivent pas s’y tromper, le mariage ne sera célébré dans 16 jours que si, sans la tablette et devant ses beaux parents, l’homme répète ces 256 noms à haute et intelligible voix.
  8. Fanon, ivre d’amour, ne retient pas la leçon.
  9. C’est alors que Fali eut l’idée de confectionner un jeu pour aider son futur mari.
  10. Jeu auquel ils se livraient en cachette, dans la forêt, jusqu’à ce que Fanon sût sa leçon.
  11. L’histoire révèle que, même pendant leur première nuit de noce, il la récita à haute et intelligible voix avant de s’endormir dans les bras de son épouse.
  12. Tellement, il avait su sa leçon.
  13. Le récit de nos Ancêtres rapporte également que Fanon dormait quand Fali lui dévoila le Secret des 16 Signes du Fa. Et Fanon y rêva toute la nuit.
  14. Le lendemain, Fanon nomma le jeu de Fali : « Ifa ».
  15. Ce qui signifie Amour dans leur langue.
  16. C’est donc de la manifestation de l’Amour qu’est né le Fa.

57

  1. Ne l’oublie pas.
  2. Dans nos Traditions, la femme est l’aînée de l’homme.
  3. Elle a vu Odou et a découvert le Mystère avant nous.
  4. Elle est la jarre dans laquelle le Science Suprême perfectionne ses œuvres.
  5. Ifa est aussi l’enfant en nous dont chaque cri de détresse perturbe le silence du Temps et nous oblige à nous lever, à grandir, à nous élever au dessus de l’éternel mensonge, à aller au delà de la manipulation cyclique et séculaire.
  6. Mensonge et manipulation car, tout est faux. Tout se résume au bruit du vent : Si Fa So – fertilise, draine et professe – tout est faux.
  7. Race, tradition, culture, oasis, famille, mariage, santé, éducation, formation, initiation, religion, commerce, économie, politique, nation, tout est faux.
  8. A quelque âge que tu découvres ton aveuglement, libère l’essentiel qui est ta destinée, celle que tu te traces, qui t’évite l’amertume insurrectionnelle du trahi, du feu follet de la vérité et, quoi que tu veuilles devenir, voyage, explore, invente, construis, échange et vend, ne détruis pas, ne tue pas, ne vole pas.
  9. Plus tard, quand à ton entendement cet enseignement sonnera faux, délaisse-le et, dans ton nouveau palais, qu’il ne soit que le souvenir d’un trésor à qui tu concèdes le mérite de t’avoir aidé à bâtir ton propre royaume.

 

About ONIFA

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *