Le Blasphème
Le maître défonce les couches millénaires d’une erreur tapie dans le quotidien du futur prêtre. Cette erreur s’appelle tantôt la peur, tantôt le péché, tantôt la punition, tantôt l’ignorance, tantôt l’incompréhension, tantôt la haine ; mais, sans doute, elle provient des humains et laisse des suspicions et des divisions dans leur cohabitation. Elle engendre aussi des climats spirituels de pauvreté et des comportements déshonorants. Le maître, pour avoir été à une école de sagesse, en parle avec conviction. Le plus dure commence. Le néophyte entre dans le labyrinthe dont la fin illustre la damnation et le salut. Une profonde remise en question s’impose à lui. Qui détient la vérité s’il y a incompatibilité et mésentente entre les ténors de la vie spirituelle des communautés humaines ? Comment s’assurer du chemin et du savoir dans ce climat d’incertitudes ? Que choisir, que faire pour avancer ? A cette série de questions, le monde répond par la méchanceté ; Dieu par le silence. Personne ne se hasarde à contester l’apparente impasse de la vraie connaissance des choses ni même à soutenir longtemps la véracité de ce qu’elle en pense. Quant aux chemins initiatiques, par la tolérance, ils maintiennent l’ouverture, réfutent les erreurs, préservent l’unité en permettant à leurs élus d’apprécier par eux-mêmes les valeurs intrinsèques et extrinsèques des mythes et des traditions, afin de sauvegarder l’originel et la vérité.
Le Maître :
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- Le Ciel est un quelque part dont nous ignorons les dimensions et le paysage.
- Ceux qui ont eu l’honneur de le décrire ne nous présentent que les tableaux de leur vision personnelle.
- Ils tentent des descriptions plus denses, plus fournies les unes que les autres.
- Ils veulent mieux faire, mais des couleurs, des sons, des rythmes leur échappent.
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- Les habitants du Ciel tentent eux-mêmes des approches de communication avec leurs créatures, mais les ouragans et les torrents qu’ils utilisent nous empêchent de saisir leur message.
- Nous aussi, grands ignares, nous produisons des vacarmes afin de nous masquer les risques contenus dans les contrats qu’ils nous dictent et qui nous soumettent à eux.
- La Sagesse dit que les ressentiments de part et d’autre sont dus à la peur.
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- Ose dire que les Créateurs ont tort, tu n’exposes que l’autre dimension de ton ignorance.
- Sinon, comme dans toute bonne œuvre, Ils poursuivent le début. Ils sont toujours au commencement.
- Demande-toi ce qui leur reste à nous faire subir pour ouvrir nos cœurs à Leurs Sentiments.
- Que devons-nous faire pour mériter Leur Confiance ?
- Nos souffrances, nos peines, nos pleurs, nos erreurs, remuent-ils Leur Silence ?
- Les déploiements de leurs subterfuges changent-ils quelque chose aux principes ancrés en nous ?
- Leur victoire apparaît quelque part que nous feignons d’ignorer.
- La nôtre aussi doit leur échapper ou les surprendre.
- N’en doutons pas, le Ciel se débrouille pour fixer nos défis, nos sursauts de victoire et d’échec.
- Dans les lieux secrets, la Sagesse accomplit sa mission de génération en génération. Elle révèle tout aux initiés.
- Elle nous apprend, avec mesure, l’essentiel du complot de la création et de sa perte.
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- Dans la forêt de Chami Chaman Odou Nla, les accusations contre Kanankan Oduduwa s’autodétruisent.
- De même, le diable ou Lêgba, le lâche, le trompeur, ne constitue pas une barrière pour la Miséricorde Divine.
- Nos ancêtres disent que c’est la créature elle-même qui perpétue le péché et l’erreur qui l’a engendré.
- Aux méchants qui attendent de nouvelles démonstrations nous brandirons le Chapelet.
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- Mon fils, sois patient. Il y aura un bilan pour toutes ces choses.
- Pour le moment, accepte. Le Ciel a voulu que l’Histoire soit ce que nous voulons et non ce qu’elle doit être.
- Ne penses-tu pas que le monde doit avoir des raisons indiscutables pour entretenir et conserver la misère, la souffrance, la pauvreté, la division et la stigmatisation dans les éprouvettes de la foi ?
- Notre époque est celle des malheurs frauduleux qui ne permettent pas de regarder l’univers pour lire la Sagesse divine, de s’écouter pour se connaître et comprendre les autres.
- Nous vivons une époque tragique où le passé et le présent s’opposent pour faire perdre l’originel et la Vérité.
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- Comme par souci de simplification, la mémoire de l’ignorance enseigne que Dieu nous punit pour la désobéissance des premiers, ceux que lui-même a formés.
- Ces derniers qui ne sont pas les descendants des macaques, des gorilles ou des chimpanzés, ont entraîné le malheur de toute l’humanité pour avoir offensé leur Créateur.
- Et, depuis la nuit des temps, celui-ci perpètre sa vengeance sur ses pauvres enfants !
- Ô bon Père miséricordieux, pourquoi, dans ton projet coercitif, alors que tu n’as pas circonscrit ta nature bienveillante, assouvis-tu ta vengeance dans des massacres, des calamités, des maux incurables ?
- Ton silence, ô péché divin, nourrit une funeste conception qui partout, par le péché originel, condamne toute la création de génération en génération et accuse ton auguste divinité d’un crime affreux.
- Malgré la propagation de nouveaux espoirs, l’idée impure persécute des nations entières.
- Ô Dieu, on dit que certains de tes enfants sont maudits et que tu les regardes croupir dans la misère pour le seul plaisir de leur faire payer les dettes du péché de leurs ancêtres.
- Ce sceau brûlant collé à la peau des races humaines, se pourrait-il être d’un autre Dieu que nous ne connaissons pas encore ?
- Que pouvons-nous contre le mensonge quand, grâce à des siècles de méchancetés, il s’est fait vérité à la face de Ton Silence ?
- Hier et aujourd’hui, le Vide s’emplit encore de cette imposture dont nous entendons le persiflage.
