Sa Winlin
Les mains se lavent mutuellement.
Le solitaire le sait. Il a toujours besoin de quelqu’un.
Sollicitude humaine, foi divine.
Sollicitude céleste, croyance humaine.
Ces noms ont consulté pour deux quidams.
Ils sont, tous deux, des croyants.
Tous deux croient en ce qui ne se voit pas.
Ils ne s’aiment pas. Ils ne se parlent pas.
Ils n’échangent pas de calebasses.
Ils n’échangent pas de mains.
Ils croient en ce qui ne se voit pas.
Ils sont, tous deux, tombés malades.
Un voisin vient à passer et les trouva tous souffrants.
Celui-ci n’a pas de querelles avec eux.
Pourtant il croit aussi en ce qui ne se voit pas.
Il leur apporte soins et vivres et les guérit.
Soins et vivres leur furent apportés dans une seule calebasse.
Les deux ennemis furent obligés de se la passer.
Nous voilà tous guéris. Qui de nous ne rendra pas la calebasse?
Qui de nous ne remerciera pas ce bienfaiteur ?
Sa-Winlin leur dit:
« Rapprochez vos mains.
Mettez-les ensemble dans la calebasse.
Récurez-la soigneusement.
Ensemble, tenez-la pour la rendre à son propriétaire.
Mêlez vos voix dans de vives reconnaissances.
Le secret qui vous a guéris vient de vous apprendre la vie.
Allez à l’école de votre sauveur. »
