Trukpin-Mèdji
L’ombre est leur secret.
Qui fuit son ombre, se fuit.
J’ai rencontré le défunt.
Personne ne m’a cru.
Pourtant, je l’ai vu.
Il m’envoie dire aux enfants qu’il a laissés:
«L’enfant est une récompense de la vie. »
Ces noms mystérieux sont entrés à Ifè à l’insu des Babalawo.
Trukpin Mèdji raconte ceci à leur place.
«Le phallus a semé.
Le phallus s’est retiré.
La matrice a gardé.
La matrice a reproduit.
Ils ont fait des sacrifices de cauris et de placenta de chèvre.
L’homme est le petit frère de la femme.
Ils ne vivaient pas ensemble.
L’homme était riche.
La femme avait beaucoup d’enfants.
Un jour, le frère invite sa sœur chez lui.
L’on ne se déplace qu’avec ce que l’on possède.
La sœur répond à l’invitation avec ses enfants.
La femme et ses enfants étaient tout joyeux.
Mais ils étaient couverts de haillons.
L’homme prit cela comme un grave déshonneur.
Il ne cache pas sa désapprobation et sa colère.
La femme incomprise et humiliée pleura toute la nuit.
Lêgba eu pitié d’elle.
Le dieu rassemble des instruments sonores.
Lêgba se mit à chanter dans la tête de l’homme:
‘’Le malheur suit l’argent.
Le bonheur suit l’enfant.
Celui qui a l’argent a le malheur.
Celui qui a l’enfant a le bonheur.
L’enfant est le miroir de la vie.
L’argent est le reflet du vide.’’
Cette chanson résonna dans l’esprit de l’homme.
Aujourd’hui, elle y résonne encore. »
