WINLIN – KA

14 août 2019

WINLIN – KA

Winlin Ka

Il lui fut dit :

‘’Approche, assois-toi, tends tes pieds.

Sur la Table, étale la Toile,

Trace ton destin, prends ta vie,

Fais le secret, polis le mystère,

Sois intelligent, sois sage.’’

Après, Oko n’entendit plus rien.

Il est libre comme l’aigle dans l’air.

Obo n’a pas connu le même sort.

Une nuit, elle fut conduite loin des habitations.

Là-bas, tous les jours, elle entend ce que dit la vie.

Elle chante, danse et honore de ses gestes des sons que nous n’entendons pas.

Ils disent que le discours d’Awo ressemble à une anecdote.

Enfant, ravise-toi, écoute Ifa, il affranchit la vérité.

Oko cultive la terre d’Obo

Ensemencée, cette terre le dégoûte.

Mais tous les jours il la fréquente.

Oko étouffe la semence, détruit la gestation du grain qui échappe à l’asphyxie.

La terre d’Obo peine et ne produit que de mauvaises herbes.

Oko plante le manque, il souffrira abondamment.

Aujourd’hui, il est affamé et se plait à la nostalgie.

Le présent est vorace et abhorre le visible.

Le peu de nourriture du passé pourra-t-il le rassasier ?

Vivre ou mourir, il n’attendra que lui-même.

Dans Winlin – Ka, Orunmila professe :

‘’Si vous pensez que le serpent est noué, détachez-le.

S’il vous mord, ne regrettez pas votre geste, vous l’auriez voulu.’’

Ologbodjo construit sa maison et l’organise avec les revenants :

Baba kpèlè, kpèlè baba.

Tous les ans, chaque enfant habille ses parents décédés.

Qui habille les morts qui n’ont pas eu d’enfants ?

‘’Nous tous’’, répondent les revenants.

‘’L’autre est mensonge et trahison’’, dis-tu.

Qui le lui a appris ? Tu ne me réponds pas.

Ce que tu vois chez l’autre, est là, sur ta palissade.

Veux-tu que la mort devienne ton esclave ?

Ne mange plus, ne bois plus, n’épouse pas son enfant.

Fais doucement, Ika ne trahira pas Ikou.

Ikou est honnête, il ne cache rien qui puisse être trahi.

Ifa apprivoise le serpent et l’estropie,

Edjo nait et découvre les noms ci-devant.

Ces noms ont vu naitre Ikou

Celui qui désarme le savant et transforme le Babalawo en profane.

Ces mêmes noms ont assisté à l’accouchement d’Ika

Celle qui a épousé Ikou le jour où Ifa sema du haricot pour la première fois.

Le haricot se trouve dans leur propre marmite,

Mais à le préparer, ils attendent la marmite d’autrui.

Ika et Ikou se sont rencontrés à Itèro où Edjo vivait.

Nous leur souhaitons la bienvenue.

Un jour, Edjo aborde Ika :

‘’Regarde autour de nous.

Les feuilles sèchent,

Les arbres tombent,

Les animaux perdent la vie.

C’est l’œuvre de ton mari.

Je veux faire de lui mon ami

Pour qu’à la longue, il ne m’ôte pas la vie.’’

Ika s’inquiète :

‘’Mon mari ne mange pas.

Le jour  où il mangera, il perdra sa virilité.

Mon mari ne boit pas.

Le jour où il boira, il perdra ses mains.

Mon mari ne touche pas aux perles,

Le jour où il les touchera, il perdra toute sa puissance.

Toi, tu manges, bois et touches aux perles.

Comment pourras-tu devenir son ami ?’’

Edjo convaint Ika :

‘’Entretiens la virilité de ton mari et soit satisfaite.

Mais fasses que ses mains touchent les perles que voici

Et qu’il perde sa puissance afin que nous vivions’’.

Ikou vit les perles et demanda à sa femme :

‘’Ika, qui t’a dit de porter des perles ?’’

La femme, sans hésiter, dénonce Edjo.

Ikou décide :

‘’J’irai à la rencontre du rampant,

A mon retour, nous discuterons’’.

Ika court voir Edjo et le prévient :

‘’Mon mari est à ta trousse’’.

Edjo s’embarrasse. Terriblement.

Il eut si peur qu’il se mord la langue et meurt.

Edjo ne se savait pas porteur de ce qu’il craignait.

Il meurt et ne fut pas enterré.

Ika ne fit pas son deuil.

Ika et Ikou, dans leur discussion, mirent au monde un enfant qui, à 11 ans, ne pouvait se tenir debout. L’enfant rampait et tremblait de tout son corps comme une feuille de bananier.

Ifa qui vivait sous un palmier à côté d’Itèro fut invité pour l’examiner.

Winlin – Ka se manifesta :

‘’Ce corps n’avait pas été inhumé.

Le voici qui pète.

Le nauséeux s’éparpille et va partout.

Il n’épargnera à aucun nez.’’

L’enfant fut baptisé ‘’A-i-san’’,

Ikou et Ika firent leurs sacrifices.

Ils eurent un second enfant qu’ils nommèrent : ‘’Edjo’’.

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