Winlin Woli
Jakuta sollicite les services de Shango, ne laissons pas nos œuvres périr.
Awo progresse, resserrons les cordes, à chaque pas, elles peuvent céder.
Consolidons nos alliances, devant l’autel (Ojubo), nous nous reverrons.
Le revenant est dans la cour, soyons aujourd’hui ce que nous voulons être demain.
Ces noms ont consulté pour Jakuta, le jour de Shango
Ils ont aussi consulté pour Awo, le jour d’Orunmila.
Ils ont également consulté pour Osè, le jour d’Obatala et d’Egungun.
La terre s’ouvre et libère les morts.
Des os couvrent le sol, des crânes étaient partout.
‘’Chaque famille s’occupera des restes de ses défunts’’, avaient dit les Irunmonlè.
Les vivants ne reconnaissent ni les corps ni les ossements des leurs.
Chaque effort qu’ils fournissaient pour les remettre sous terre, avivaient leurs peurs et leurs larmes. Tel le sel au contact de l’eau, les familles se mirent à se morfondre et à se confondre :
‘’Kousso Oba Kousso était le plus grand de tous, son squelette ne serait pas semblable à ceux-ci. Iyami Atchorohounga était la plus élancée des femmes, rien ici ne lui ressemble. Où sont nos hommes, femmes et enfants morts la saison dernière ?’’
Puanteurs, asticots, cris, fuites, larmes, tourments, le chaos ce jour-là n’offrit aucun recours aux vivants.
Orunmila voyant le monde face à une épreuve difficile, appela la Mère des Irunmonlè.
Monlè dit à Orunmila :
‘’Seul se révèle ce qui existe.
Les Irunmonlè sont prévenants.
Ils n’exposent que les caractères de l’univers.
Quand ils montrent la mort, ils éloignent la vie.
Quand ils dévoilent la vie, ils chassent la mort.
Le jour ne découvre pas ce que cache la nuit.
Le soleil et la lune respectent leur alliance. Qui ne le sait pas ?
Nous partirons la nuit, le matin, nous irons à Ibi-Adan,
Nous changerons le sel en eau, nous ressusciterons les morts,
C’est depuis hier soir qu’il fallait se le dire.’’
Sur les faits, Ifa aperçut Owonrin – Iwori :
‘’Si une voie ne se ferme, une autre ne peut s’ouvrir.
L’instant qui vous afflige, réunit le passé, le présent et le futur.
Mais ne confondez pas les layons.
Celui de la mort n’est pas celui de la vie.
L’événement qui vous semble prématuré est, pour sa part, bien fondé.
Enterrez les reliques avec soins et marques.
Puis, attendez trois lunes.
La prochaine fois, les vivants reconnaîtront leurs morts.
Car, celui qui deviendra un revenant ne se laisse pas ensevelir.
Les squelettes n’acceptent pas remonter inutilement à la surface de la terre.
La terre tremble à les voir nus.’’
Orunmila fit ses sacrifices et retourne à son œuvre en proclamant :
‘’Les Dieux vous éprouvent sans démesure.
Vos morts sont ce que vous voulez qu’ils soient.
Enterrer vos parents ou enterrer des os,
Le choix du lendemain de vos peurs et larmes vous incombe.
Mais à la fin, respectez votre prédilection afin d’éviter à l’avenir la colère des Dieux.’’
