WOLI – MEDJI

14 août 2019

WOLI – MEDJI

1941. Woli-Mèdji

Les deux oreilles n’entendent pas en même temps.

C’est que l’une est rassasiée au moment où l’autre a faim.

L’esprit possède ce qui manque à l’instinct.

Nous sommes dans la cour d’un animal.

Nous serons sa proie s’il est affamé;

Il sera notre proie s’il est repu.

Comprenez ceci. Comprenez cela.

On ne l’explique pas d’avantage.

Ces mystérieux noms ont ouvert le Fa pour Woli.

Celui-ci est un carnivore malhabile à la course et à la chasse.

Un jour, il eut faim.

Il se coucha dans l’herbe et fit le mort.

Une famille de moutons qui broutait tout près de là vit le cadavre.

Elle s’en approche, tourne autour et s’en approche encore.

La mort était objet de curiosité.

Elle ne survenait pas fréquemment.

Woli retient son souffle.

Un petit mouton gambade et se retrouve à même la gueule du carnivore.

Son zèle lui coûta la vie.

Il fut dévoré sur le champ.

Le reste de la famille pris de panique, s’éloigne du lieu sinistre.

Un autre jour, Woli eut encore faim,

Mais son simulacre ne lui a plus réussi de sitôt.

Il se mit à crier et à se tordre de douleur.

La faim le tenait  vraiment.

La détresse du carnivore attire la tendre viande.

Les moutons savourent leur vengeance dans la souffrance de leur ennemi.

Ce jour-là, la joie et l’imprudence offrirent à manger au terrible animal.

Une autre fois, Woli n’eut plus de tours pour gober la chair de mouton.

Son cadavre, ses cris et ses souffrances ne retiennent plus l’attention.

Il alla consulter le FA.

Woli-Mèdji lui apparaît comme son double.

Le devin lui dit:

« La faim t’y oblige, tu dois essayer d’autres détours.

Fais un champ aussi grand que toi-même.

Installe des pièges tout autour et commence le labour.

Le gibier verra dans ton geste un changement.

Il dira que tu as changé de goût et de métier.

Il mourra de curiosité à te voir labourer.

Il s’avancera et mettra son sort entre tes griffes. »

 

  1. Di-Mèdji.

L’on ne partage que ce que l’on possède.

Ils se partagent les fruits.

Allez chercher celui dont vous êtes descendus.

Laissez celui-ci à ses héritiers.

Le partage-ci ne vous concerne pas.

Vous ne mangerez que les fruits de l’arbre duquel vous êtes descendus.

Et ce fut le premier geste.

Au deuxième geste, Orunmila les prévient.

«La mort passera trois fois, vous êtes avertis.

On ne la trompe pas facilement. »

Au troisième geste, la mort vint.

Elle balaya tout et s’en alla.

Personne ne lui a échappé.

Inévitable, elle devient nécessaire.

Au quatrième geste, Bokitchè naît.

L’Humain naît avec son destin éphémère.

Devant l’éternité de ses Créateurs, il réclame ses droits.

Il eut la miséricorde, se forme et se crée.

Il devine la fin et gouverne son monde.

Di-Mèdji lui dit:

« Tu confondras toujours l’endroit et l’envers.

Les fruits de ta passion ne te satisferont jamais.

Tes désirs seront en réalité des bulles légères.

Les vents de ta liberté te couvriront de poussières.

Tu t’enfermeras dans l’avenir et le souvenir.

Le jour où tu t’affranchiras de ces impasses,

Tu seras l’Homme et tu ne mourras plus. »

About ONIFA

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *