Abla-Gbé
Orisha considère l’étoile de chacun.
Orunmila considère la vie de tous.
L’étoile n’est pas la vie.
La vie n’est pas l’étoile.
Nous avons tous la vie.
Chacun a son étoile.
Orunmila est un rassembleur.
Cette explication ne dissuade pas la jalousie.
De nombreux Irumonlè s’acharnent contre Orunmila.
Le rassembleur s’inquiète pour l’harmonie du Ciel.
Abla-Gbé apparaît :
« Ils sont nombreux.
Ils sont une trentaine.
La tentation épargne un seul.
Il se souvient de son alliance.
Le vrai ami entre sous terre.
Cet ami est aussi un dieu.
Il est sceptique, mais laisse des convictions. »
Orunmila fit ses sacrifices.
Il se fit une statue de bois.
Il la couvre du pagne blanc qu’il porte souvent.
Il se dissimule derrière la porte.
Sa maisonnée annonce la triste nouvelle.
La mort présumée d’Orunmila appelle alliés, amis et ennemis.
Tous les Irumonlè accourent.
Lêgba ne vient pas aussitôt.
Il connaît son ami.
Orunmila a mille tours dans son sac.
Les dieux demandent des présents pour les funérailles.
L’entame des cérémonies finissent par bouleverser Lêgba.
Son ami serait-il vraiment mort ?
En criant et en pleurant, il s’amène.
Devant la statue de blanc vêtue,
Il demande à la terre de s’ouvrir sous ses pieds.
Le Ciel a entendu ses vœux intimes.
A cause de la mort de son ami, il s’enterre vivant.
C’est alors qu’Orunmila sort de sa cachette.
Il supplie son frère de sang.
Ô ami, abandonne ton funeste projet.
Lêgba lui dit:
«Je ne peux plus renoncer.
Ce que j’ai demandé m’a été accordé.
Je m’en vais. Je te manquerai.
A ma disparition, dépose une pierre à cet endroit.
Au besoin, viens là.
Je t’attendrai sur la pierre.
Les autres ne me verront plus.
Toi, tu me verras toujours. »
